par Danie Gagnon, Gestionnaire de projet, Association des foyers de soins du Nouveau Brunswick

La question de l’agression de la part des résidents, dans le contexte de l’abus contre les aînés, est une question délicate. Nous savons que les victimes ne peuvent pas être blâmées pour le mal commis contre elles, mais il est aussi reconnu que l’agression peut être un facteur contribuant à la maltraitance. Bien que la  sensibilisation aux mauvais traitements des aînés et l’application de techniques de soins axées sur le résident comme mesure de prévention soient nécessaires, une autre question nécessite une réponse : comment protéger et soutenir les travailleurs de soins de santé?Screen Shot 2015 11 02 at 12.49.22 PM

Le comportement agressif de certains résidents est souvent le résultat d’une condition médicale, physique ou psychologique sous-jacente. Des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de  démence manifestent souvent un comportement agressif ou inapproprié afin d’exprimer ce qu’ils ne peuvent pas verbaliser. Dans un secteur où 80 % des résidents souffrent d’une forme de démence, il est impératif de prendre en compte la sécurité du personnel des établissements de soins aux résidents, pour gérer et limiter les comportements agressifs. La triste réalité est que la plupart des travailleurs de première ligne du secteur de soins aux résidents feront face à une forme de violence durant leur carrière. En effet, plus de la moitié des infirmiers de soins de longue durée interrogés pour l’Enquête nationale sur le travail et la santé du personnel infirmier ont rapporté être agressés physiquement par un résident au cours des 12 mois précédents.

Bien que l’agression de la part des résidents ne justifie pas leur maltraitance, certains diraient qu’elle y contribue. Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail souligne les faits suivants :

« Quand le travailleur (de soins de santé) est sujet à la violence pour une période prolongée, ceci peut susciter en lui la colère, la peur, la dépression, l’anxiété, des perturbations du sommeil, les symptômes du syndrome de stress post-traumatique et l’insatisfaction au travail, et peut mener à une augmentation des congés maladie ».

Il est reconnu que les symptômes mentionnés plus haut contribuent à l’épuisement des soignants et aux mauvais traitements de leur part. Le Journal of Elder Abuse and Neglect a rapporté en 2008 que des résidents agressifs souffrant de profonde confusion ont souvent été privés de choix quant à leurs soins personnels, ou bien isolés ou restreints de manière inappropriée et généralement traités comme des « problèmes », sans autre forme d’enquête sur la raison de leur comportement.

Denise Paradis de l’Association de sécurité des soins continus affirme que « l’agression de la part des résidents n’est que le symptôme d’un enjeu plus profond. En formalisant le processus de signalement, et en enquêtant sur chaque incident qui se produit, dans une perspective clinique et de gestion, nous pourrons trouver la cause fondamentale de ces comportements, prévenir les futurs incidents, et mieux répondre aux besoins des résidents et du personnel ».

Prendre cette responsabilité, c’est aussi défier les normes sociales et les stéréotypes entourant le rôle des travailleurs de soins de santé. En raison de stéréotypes sexistes et de l’aspect
« bienveillant » du rôle, il semble que les travailleurs de soins de santé soient censés accepter les agressions physiques, verbales et psychologiques comme faisant partie du travail. Une étude canadienne sur la violence en milieu de travail note que « la plupart des incidents violents ne sont pas signalés. La violence demeure invisible et n’est pas abordée. Les travailleurs nous disent qu’ils ne signalent pas la violence parce qu’ils n’ont pas le temps de remplir la paperasse, qu’ils ne croient pas qu’une action sera prise, ou qu’ils ont peur d’être blâmés. Ce qui est le plus dérangeant, c’est que les travailleurs nous disent qu’on attend d’eux qu’ils supportent cet abus car cela fait partie de leur travail ».

Bien qu’il soit clair que les résidents ne peuvent pas être tenus responsables pour les mauvais traitements commis par leurs soignants, il est peut-être possible de soutenir les accusés avec plus de compassion. Un changement de perspective quant au rôle des fournisseurs de soins de santé face à la violence en milieu de travail pourrait mettre fin au problème, tout en créant une main d’œuvre plus saine et plus productive, et un meilleur rendement en matière de soins aux patients. Cette discussion exige aussi d’examiner tous les aspects du problème de la maltraitance avant de tirer une conclusion. On ne doit pas condamner tous ceux qui sont impliqués de la manière dont on condamne l’agresseur, mais peu importe les facteurs contribuant au cas, le contexte dans lequel s’est produit l’incident doit être considéré du point de vue du résident ainsi que du travailleur, pour qu’un changement systématique puisse suivre afin de limiter ou de désamorcer les futurs incidents. 

Le Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail a récemment abordé cet enjeu et lancé un appel à l’action pour inciter les organisations de soins de santé à répondre à la violence en milieu de travail avec des programmes et des politiques de sécurité au travail. De nombreuses organisations ont répondu à l’appel, en créant des campagnes de sensibilisation et des programmes d’engagement pour faciliter la participation des différents niveaux des organisations. Les liens suivants fournissent plus de renseignements et des exemples de programmes de prévention de la violence en milieu de travail dans les secteurs des soins de santé et des soins de longue durée :

Références:

 

DGagnonDanie Gagnon représente le secteur des soins de longue durée du Nouveau Brunswick. Danie est Gestionnaire de projet pour le programme de prévention de la maltraitance des aînés de l’Association des foyers de soin du Nouveau Brunswick.

Le programme PEACE de AFSNB a été bâti d’après le modèle du programme PEACE de RNOA. Il se concentre sur le bien-être des employés de centres de soins notamment en abordant les questions telles que le stress du personnel soignant, un environnement de travail sain, et les perspectives négatives au sujet du vieillissement. D’un format interactif et anecdotal, ce programme a pour but d’équiper le personnel soignant des outils nécessaires pour prendre soin d’eux et ainsi pour pouvoir offrir le meilleur soin possible à leurs résidents. À ce jour, le programme a été délivré à plus de 3000 employés de foyers de soins et a aussi été personnalisé sur mesure pour d’autres groupes tels que d’autres membres de la communauté des soins de longue durée, des étudiants dans le domaine de la santé et des aînés de la communauté.

Danie est aussi impliquée dans des projets communautaires qui ont pour but d’éveiller l’attention du public au sujet de la maltraitance des personnes âgées. Danie fait aussi partie de nombreux comités qui traitent de la maltraitance des aînés et se focalisent sur des réformes législatives.

Contact:
AFSNB sur Twitter @NBANH_AFSNB 
Danie Gagnon: 


 

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