Par Denise Lemire, membre du conseil d'administration du RCPMTA
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Ce blogue est paru dans le Vivre+ de la FARFO du 1er mars 2020
Ce 2e blogue (d’une série de trois) s’inscrit dans les célébrations du 20e anniversaire du Réseau canadien pour la prévention du mauvais traitement des aînés (RCPMTA ou CNPEA en anglais) dont je suis au Conseil d’administration depuis 2018. L’ensemble des trois blogues vous fait part de ma réflexion et des ressources disponibles au sujet de la maltraitance des personnes aînées en Ontario. Le premier blogue a porté sur la définition de la maltraitance, les formes qu'elle prenait, les types sous lesquels elle se présentait et je vous ai donné des exemples de situations. Ce présent blogue présente diverses suggestions d’interventions pour contrer les abus chez nos proches, nos voisins, dans les diverses institutions, etc. Finalement, dans le prochain blogue, je présenterai les principaux acteurs en lien avec la maltraitance soit au niveau international, national, provincial ou autre.
Comme mentionné dans le premier article, la maltraitance se montre sous plusieurs visages. Par exemple, un employé qui inflige des sévices physiques ou psychologiques à un aîné hébergé en centre d’hébergement et de soins de longue durée; un fils qui abuse financièrement de sa mère âgée; une personne agressée sexuellement par un voisin de chambre, et j’en passe. Les dénonciations ont mené dans certains cas à des sanctions disciplinaires, voire à des congédiements, et à des mesures de sécurité renforcées pour protéger les victimes; cependant le sujet demeure aujourd’hui encore trop dans l’ombre.
Que pouvons-nous faire pour contrer les abus chez les personnes aînés? Voici des suggestions, que, je l’espère, vous pourrez adopter selon votre réalité.
1) S’entraider pour protéger les personnes aînées
On doit continuer à faire de la sensibilisation auprès des proches aidants, des membres de la famille, des travailleurs sociaux, de la police, des médecins, des commerçants, des conseillers des institutions financières, des agents de l’Office de protection du consommateur, etc.
De toute évidence, une éducation et des interventions accrues s’imposent pour prévenir la maltraitance chez les personnes aînées et les aider à reconnaître ce problème, à le signaler et à se protéger.
2) Veiller sur les personnes aînées les plus vulnérables
On doit apprendre à dépister les cas d’abus et à les référer aux organismes locaux qui eux pourront proposer les ressources nécessaires. En Ontario, la Ligne d’assistance aux personnes âgées (1-866-299-1011) est une ressource confidentielle et gratuite, disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui offre de l’information, des aiguillages et un soutien dans plus de 150 langues aux personnes âgées victimes de mauvais traitements. Pour d'autres ressources dans le reste du Canada, consultez la page Obtenir de l'aide de ce site.
3) Mobiliser les personnes aînées
On doit mobiliser les personnes aînées pour qu’elles participent à un centre de vie active afin de briser l’isolement, développer des liens sociaux et de solidarité, en participant à des ateliers, à des activités sociales, des repas communautaires, etc.
4) Œuvrer ensemble pour un impact durable
Pour joindre le plus grand nombre de personnes aînées, il faut accroître la portée des activités existantes et en développer d’autres, surtout dans les secteurs défavorisés. Pour ce faire, il faut l’appui des gouvernements tant au niveau fédéral que provincial et même local.
Le programme Nouveaux Horizons pour les aînés (fédéral) finance des initiatives communautaires destinées aux personnes aînées; plusieurs des projets financés dans les dernières années visaient à sensibiliser la collectivité aux mauvais traitements envers les aînés, à offrir aux fournisseurs de services de la formation et à fournir aux aînés souffrant d’isolement social des services d’aiguillage vers de l’information et du soutien.
En Ontario, le ministère des Services aux Aînés et de l’Accessibilité finance Elder Abuse Prevention Ontario/ Prévention de la maltraitance envers les aînés qui gère le programme d’ateliers Ce n’est pas correct; la Fédération des aînées et retraités francophones de l’Ontario (FARFO) a collaboré avec eux depuis quelques années pour le développement du volet francophone de ce programme. Au municipal, la maltraitance des personnes aînées se retrouve dans plusieurs des plans d’action locaux.
À chaque année le 15 juin, on souligne, de diverses façons, la Journée internationale de sensibilisation à la maltraitance envers les aînés, soit en participant à des activités éducatives ou en faisant des entrevues médiatiques ou en utilisant les médias sociaux de l’heure. On tente de saisir les occasions qui se présentent pour sensibiliser davantage les personnes aînées aux escroqueries, à la violence, à la fraude, etc.
La FARFO est un acteur important en Ontario français dans le dossier de la maltraitance des personnes aînées. Elle a démontré dans les dernières années son leadership en matière de collaboration et de partenariat. Elle est porteuse des préoccupations et des intérêts des personnes aînées et s’inscrit dans les luttes et les actions pour faire valoir la place, la contribution et le rôle des personnes aînées francophones dans la société d’aujourd’hui et de demain. Le Livre Blanc sur le vieillissement en Ontario français (septembre 2019), initiative de la FARFO en collaboration avec l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), confirme que le phénomène de la maltraitance est peu connu en raison du manque de signalement et du nombre limité de données à cet effet. Aide juridique Ontario avance que jusqu’à 20 % des personnes âgées en Ontario ont fait l’objet de maltraitance à leur égard. Il est donc important que la FARFO continue ses représentations (tant au niveau local, régional ou provincial), ses concertations et de développer des projets communs avec ses partenaires, afin d’avoir un impact direct chez les personnes aînées francophones de sa province.